L’humilité, chemin de l’excellence
Umiltà,strada per l’eccelenza
Xavier Biancarelli éminent coutelier d’art et artisan métallurgiste féron renommé est établi à Porto-Vecchio, depuis 2008. Il a quitté ses copains du lycée de Porto-Vecchio pour se former auprès des plus grands noms de la coutellerie. Aujourd’hui, ses couteaux sont recherchés par les collectionneurs et les amateurs de coutellerie à travers le monde.
Xavier perpétue son savoir-faire en vue de conserver une tradition ancestrale, soulignant ainsi son engagement profond à maintenir vivante une pratique riche d'histoire. Il n’aime pas beaucoup parler de lui mais il devient loquace lorsqu’il partage sa passion pour l’art de la coutellerie.
Ses anecdotes et explications sont captivantes : on l’écoute sans se lasser et son discours est tellement riche qu’il vous donnera peut-être envie de caresser l’idée d’une reconversion.
Sa grand-mère lui a appris à manier le couteau avec respect dès son plus jeune âge : « On coupe sa viande en biais et non de face pour ne pas le désaffuter et s’en servir pour d’autres tâches ».
Il vous dévoile tout : l’histoire du stylet corse, instrument de vengeance en Corse, l’art de l’affûtage, la coupe du bois à la lune montante d’août à janvier où le bois est le plus sec, les principes de la cristallographie, etc.… À travers sa loupe, il vous révèle son travail nécessitant une technicité insoupçonnée ; vos mains pourront porter l’acier brut et poli, côtoyer ses outils façonnés à la main car inimitables par l’industrie. Il consacre de nombreuses heures à son atelier, parfois 200 h pour une pièce unique.
Vous comprendrez alors pourquoi Xavier Biancarelli a été honoré de plusieurs distinctions pour son travail, témoignant de son expertise et de l’excellence de ses créations uniques. Prenez rendez-vous avec lui et poussez la porte de son atelier pour en ressortir véritablement impressionné, totalement subjugué, et profondément épaté !
1. Les débuts de la passion :
Quand j'étais petit, mon père m’a offert un couteau de Jean Biancucci, un artisan bien connu dans le monde de la coutellerie notamment pour ses reproductions fidèles du couteau traditionnel corse. Lorsque j’ai eu 15 ans, j'ai créé une réplique du couteau de mon mentor qui me félicitera, vingt ans plus tard, pour la qualité de mon travail.
2. L'artisanat et le savoir-faire :
- Si vous deviez expliquer à un enfant de 5 ans comment on fabrique un couteau, que diriez-vous ?
Je lui dirai : attends encore un peu et vers 7/8 ans tu pourras apprendre, car plus tu commenceras tôt et plus facile sera ton apprentissage. - Quelles sont les compétences essentielles pour devenir un maître coutelier ?
Accepter la frustration et respecter la matière.
3. Matériaux :
- Quels matériaux préférez-vous utiliser pour les lames et les manches de vos couteaux, et pourquoi ?
J’aime tous les matériaux, le bois, la corne, l’ivoire de mammouth mais c’est le travail avec l’acier qui me fascine et c’est grâce à la création de mes couteaux que je peux le sublimer.
4. Design et innovation :
- Comment décririez-vous le style de vos couteaux ?
Chaque couteau est unique, à la fois traditionnels et modernes, reflétant mon respect pour l'art coutelier classique tout en intégrant des éléments contemporains. - Quelle a été votre création la plus innovante ou unique ?
Fabriquer son propre acier en tant que professionnel est quelque chose de très rare. Nous ne sommes que 3 en Europe de façon constante dans notre production. 90% de la matière que j’utilise est corse et je crée mes couteaux de A à Z.
5. Défis et réalisations :
- Quel est le plus grand défi de votre carrière en tant que coutelier ?
Je veux préserver une tradition ancestrale avec exigence et humilité - Quelle est votre plus grande fierté professionnelle jusqu'à présent ?
La transmission : je suis aujourd’hui formateur dans l’unique école française de coutellerie qui se situe à Montpellier. Une vingtaine d’élèves obtiendront alors leur diplôme d’état.
6. Culture et tradition :
- Comment la culture corse influence-t-elle vos créations ?
Le couteau corse bénéficie d’une place importante depuis des générations dans le quotidien des Corses. Chaque région a son histoire. Dans la tradition agro pastorale, c’est le berger, gardien du couteau qui sculptait les ustensiles de cuisine car il avait le temps. - Y a-t-il une superstition ou une tradition coutelière corse que vous suivez particulièrement ?
Dans la religion, le fer est maudit et on donne une pièce à celui qui reçoit un couteau en acier afin de lui redonner de la chaleur.
7. Vie personnelle :
- Que faites-vous cet été pour vous détendre lorsque vous ne fabriquez pas de couteaux ?
Je travaille dans mon restaurant qui se trouve à côté de la forge, je pêche et je vais à la plage avec mon petit. - Si vous pouviez offrir un de vos couteaux à n'importe quelle personne dans le monde, qui serait-ce et pourquoi ?
J’ai un grand respect pour celui qui m’a formé et aujourd’hui j’ai créé un couteau d’une plus haute technicité que la sienne, dans le procédé de fabrication. Je vais lui en offrir un.
8. Questions rapides :
- Montagne ou mer ?
Les 2, pour un besoin d’équilibre. - Un plat corse qui se marie bien avec un couteau artisanal ?
Ce n’est pas un plat, mais une tomate. Couper une tomate avec un couteau dont la micro denture est parfaite est un régal pour moi.